Dans les caves et les ruines
rideau
ruines de Berlin en 1945
chute de Berlin en 1945

C'est ce même jour, qu'elle appelle « le jour de la catastrophe », que la Berlinoise anonyme de notre chronique subit le sort du vaincu :
« Dehors, c'est un défilé sans fin ; des juments rebondies, des poulains entre les jambes ; une vache qui réclame en meuglant le trayeur. Voilà qu'ils installent la roulante au garage d'en face. C'est la première fois que nous voyons des figures humaines ; de larges crânes, tondus ras, des gaillards bien nourris, d'humeur joyeuse.
« Mais dans toutes les caves on chuchote, on tremble. Si quelqu'un pouvait décrire la vie grouillante et effrayante de ce monde souterrain, cette vie retirée, divisée en alvéoles, les uns ignorant l'existence des autres! Dehors, le ciel est bleu, sans nuages...
« Je recule vers la cave, traverse la cour intérieure. Il me semble avoir semé le Russe qui me poursuivait. Mais soudain, il se dresse à mes côtés, se glisse avec moi dans la cave. Il titube, éclairant nos visages, un à un, avec sa lampe de poche. La cave se fige en glace... »
Cette femme parle un peu le russe, elle peut s'entretenir avec les vainqueurs. Mais ce jour-là ses connaissances linguistiques ne lui sont d'aucun secours, pour utiles qu'elles se révéleront par la suite.
« Je hurle, je hurle... Derrière moi, la porte de la cave se ferme. L'un d'eux me prend par les poignets et me pousse dans le couloir. L'autre m'entraîne aussi en appliquant sa main sur ma gorge; je ne peux plus crier, je n'ose plus crier de peur d'être étranglée. Tous deux me houspillent, voilà que je tombe à terre. Mon trousseau de clefs retentit d'un bruit métallique sur les dalles. Ma tête heurte la marche inférieure, je sens le ciment touchant mon dos. En haut, devant la porte d'entrée, par où filtre une faible lumière, un des hommes fait le guet... »

Le 27 avril, les Russes occupent Spandau, avancent dans les districts de Schôneberg et de Kreuzberg et installent une administration municipale à Mariendorf. L'aérodrome de Gatow est définitivement perdu. On assiste aux premiers échanges de coups de feu entre la police et la Wehrmacht.
Des cours martiales improvisées font leur apparition. Les juges sont la plupart du temps de très jeunes SS. Le général Mummert, commandant la division Müncheberg, interdit dans son secteur l'activité des cours martiales improvisées. Il n'est pas inquiété. Des unités de sa division sont obligées de battre en retraite à Potsdamerplatz ; dans l'obscurité complète, elles s'échappent par le tunnel du métro, en suivant la voie jusqu'au Nollendorfplatz. Pendant ce temps, des membres de l'armée Rouge avancent en tâtonnant dans le tunnel jusqu'à la Postdamerplatz.
Boldt note ce même jour : Depuis bientôt huit jours, les Berlinois, femmes, enfants, vieillards, malades, blessés, soldats et réfugiés vivent dans les caves et les ruines du centre de la ville. Le ravitaillement est virtuellement suspendu. Mais la soif est pire que la faim, car depuis plusieurs jours il n'y a plus d'eau. A quoi s'ajoutent les incendies, les brasiers, la fumée suffocante.

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La bataille de Berlin